Étude pour une corrida, n°2, 1969
À vous de voir
1 | Quels sont les éléments qui composent ce tableau ? Qu'évoquent pour vous les différentes formes et taches de couleur ? |
2 | Sur quels éléments l'artiste met-il l'accent ? De quelle manière ? |
3 | En référence au titre de l'oeuvre, pouvez-vous identifiez les personnages d'une corrida ? Comment l'artiste donne-t-il ici l'impression de mouvement ? |
4 | Observez les lignes et les couleurs qui structurent l’espace pictural. Comment le peintre fait-il dialoguer l’arrière plan avec le premier plan ? |
5 | À quelle place le spectateur se situe-t-il ? Quand vous serez devant le tableau, observez par quel moyen l’artiste nous fait entrer dans l’œuvre. |
L’œuvre
Au centre de la composition, un torero et un taureau évoluent dans une arène circulaire. Traités dans les mêmes tonalités de brun et de mauve, l’homme et l’animal sont indissociables. L’artiste distord le corps du torero, tandis qu’une touche vigoureusement brossée fait disparaître son visage et lui donne en retour des traits d’animalité, évoquant la figure du minotaure.
L’homme et l’animal semblent enfermés dans un espace clos, déterminé par un large aplat orangé. Se substituant aux tribunes, à l’exception d’une mince ouverture, celui-ci contraste avec la matière sombre des chairs et renforce ainsi l’effet de mouvement. Des lignes nettes, circulaires ou verticales, soutiennent le jeu de courbes évoquant le tournoiement de la bête et les voltes de la muleta.
La tache au premier plan, par sa gratuité apparente, traduit une attention particulière de l’artiste aux qualités propres du médium pictural : « Je ne dessine pas, précise Francis Bacon, je commence à faire toutes sortes de taches. J’attends ce que j’appelle l’accident, la tache à partir de laquelle va partir le tableau ». D’autres taches sont présentes dans le tableau : en relief, comme si la peinture était appliquée directement depuis le tube, ou lissées par l’empreinte de pots.
À l’arrière-plan, une étroite ouverture sombre laisse imaginer une foule fantomatique et inquiétante. Le carré rouge qui la domine, frappé d’un cercle et surmonté d’une forme évoquant un rapace, suggère un emblème nazi. Francis Bacon justifie la présence de cet étrange élément, certainement repris de l’une des photographies qu’il collectionnait, en évoquant la nécessité d’un certain rouge à cet endroit.
Comme à son habitude, le peintre a placé une vitre devant sa toile. Tout en tenant à distance le spectateur, celle-ci par son reflet, l’introduit et l’implique dans la composition.
Étude pour une corrida, n°2, constitue la version la plus aboutie des trois compositions réalisées par l’artiste sur le thème de la corrida. Un thème qui a pu lui être suggéré par son ami, l’écrivain Michel Leiris, auteur d’ouvrages sur la tauromachie, ou encore par Pablo Picasso, artiste auquel Francis Bacon s’est souvent référé dans son œuvre.
L’artiste
Francis Bacon (Dublin, 1909 – Madrid, 1992), artiste britannique.
Ayant quitté sa famille dès l’âge de seize ans, Francis Bacon part en 1926 pour Berlin puis Paris, où il décide d’entreprendre une carrière de peintre après avoir vu une exposition de dessins de Pablo Picasso. De retour à Londres en 1929, fortement inspiré par Le Corbusier, il travaille quelques années comme décorateur et designer. Parallèlement, il peint ses premiers tableaux sous l’influence du cubisme et du surréalisme. En 1943, il détruit la quasi-totalité de sa production, car il estime trop grand le décalage entre sa vision du monde et ce qu’il réussit à peindre.
En 1945, son triptyque (Londres, Tate Gallery), fait scandale et marque un tournant décisif dans ses recherches. Assimilant les œuvres d’artistes du passé, comme Grünewald, Diego Vélasquez ou Rembrandt, mais aussi les photographies, comme celles d’Eadweard Muybridge, et les films dont ceux de Serguei Eisenstein et Luis Buñuel, Francis Bacon élabore des thèmes et des motifs qui deviendront récurrents dans son œuvre. Il en va ainsi des têtes hurlantes ou des corps en mouvement, qui témoignent d’une figure humaine que l’artiste soumet à de violentes déformations.
À partir des années 1960, les expositions rétrospectives de l’œuvre de Francis Bacon se multiplient. Par la suite, l’artiste affine son style et continue d’élaborer une œuvre dont la violence réside davantage dans le traitement de la matière picturale que dans la scène qu’elle montre. En voyage à Madrid, Francis Bacon s’éteint en 1992. Son atelier est donné par son dernier compagnon, John Edwards, au Musée d’art moderne de Dublin
Testez vos connaissances en jouant à un autre quizz
L'œuvre dans son contexte
1968 | Le mouvement hippie se développe aux Etats-Unis à partir de la Californie et de San Francisco dans une conjonction d’anticonformisme libertaire et de rejet du modèle impérialiste américain. | |
1968 (Mai) | Manifestations étudiantes qui débouchent sur un mouvement social et une crise politique. | |
1969 | Neil Amstrong marche sur la Lune. | |
1969 | Francis BaconÉtude pour une corrida, n°2, 1969 | |