Aube sur la garrigue, 1958

L’œuvre

Sur un fond rose pâle, des formes allongées tracent des courbes irrégulières et serpentines, qui traversent de part en part la toile et semblent poursuivre leur tracé hors du cadre. Cernées d’une ligne de contour, elles rappellent la technique du vitrail qu’Alfred Manessier pratique depuis 1947. Au centre, l’une d’entre elles s’épanouit et capte le regard. Animées de touches plus ou moins larges et de différents tons de vert et de bleu grisé, ces lignes sont également rythmées par quelques larges pavés bleu-sombre et de petites taches rose-orangé en contraste.

Vue aérienne, coupe géologique ou encore observation microscopique, Alfred Manessier bouleverse les motifs de l’art du paysage, cherchant plutôt à traduire sur la toile des équivalences plastiques pour rendre compte de la lumière, de la végétation ou encore des couches minérales si caractéristiques de la Provence qu’il vient tout juste de découvrir.

Aube sur la garrigue, appartient à un ensemble de vingt-huit peintures intitulé Haute Provence, réalisé à Aups, dans le Haut Var.

L’artiste

Alfred Manessier (Saint-Ouen-Picardie, 1911 – Orléans, 1993), peintre français.
À l’âge de douze ans, Alfred Manessier réalise ses premières aquarelles devant les paysages de la baie de Somme, dont la lumière contribue à susciter sa vocation de peintre. À partir de 1924, parallèlement à ses études secondaires, il suit un enseignement artistique à Amiens. En 1931, il est à Paris où il poursuit sa formation à l’école nationale des Beaux-Arts. En 1935, il fréquente l’Académie Ranson où il est initié à la technique de la fresque par Roger Bissière qui lui communique son amour de l’art roman. En mai 1938, il participe à l’exposition du groupe Témoignage. En septembre 1943, après une retraite de quelques jours à la Grande Trappe de Soligny, il décide de se convertir au catholicisme. Cette expérience spirituelle marquera également son œuvre, puisque Alfred Manessier devient l’un des principaux représentants du renouveau de l’art sacré.

Au cours des années cinquante, alors que plusieurs prix internationaux consacrent sa peinture, celle-ci connaît une évolution importante. Lors de séjours effectués durant les étés 1958 et 1959 en Haute-Provence, l’artiste est en effet fortement marqué par la nature et devient sensible, selon ses propres termes « aux couleurs, aux lignes, aux cadences, aux rythmes, au jeu des divers niveaux ». Son œuvre connaît alors une libération formelle.

L'œuvre dans son contexte