Femme assise, vers 1931

L’œuvre

Le buste dressé, le jeu de jambes, un bras levé au niveau de la tête tandis que l’autre est ramené derrière le dos : tout concourt au sein de cette figure féminine sculptée à suggérer le mouvement. Un ruban se déploie à l’arrière plan du corps, introduisant courbes et contre courbes. Il suit un rythme sinueux qui contrebalance les formes dénudées quelque peu massives et géométriques de la figure, qui ne sont pas sans rappeler les caractéristiques stylistiques du cubisme et du primitivisme. Ensemble, tous ces éléments créent un jeu de pleins et de vides, construisant une œuvre qui s’ouvre à l’espace.

Femme assise, révèle la transformation qui s’opère dans le travail d’Henri Laurens au cours des années 1930.  Bien que l’artiste ne découvre réellement la mer qu’en 1937 à l’occasion d’un séjour en Bretagne, celle-ci imprime déjà un rythme sinueux à ses figures. De même, la sculpture fait montre de sa complicité avec les éléments végétaux et de son goût pour l’observation des transformations de la nature. La représentation du corps féminin devient alors un de ses sujets de prédilection, récurrent dans son œuvre jusqu’à la fin de sa vie. 

L’artiste

Henri Laurens (Paris, 1885 – Paris, 1954), artiste français.
Fils d’un tonnelier, Henri Laurens suit à partir de 1899 une formation de peintre-ornemaniste et fait son apprentissage dans un atelier de décoration. Il apprend à tailler la pierre sur des chantiers de construction et suit des cours du soir de dessin. En 1902, il s’installe à Montmartre, où une tuberculose osseuse le contraint à subir de nombreuses opérations. Il fréquente les artistes de l’avant-garde et rencontre en 1911 Georges Braque avec lequel il se lie d’amitié et entame un dialogue artistique fécond.

En 1914, Henri Laurens n’est pas mobilisable. Il poursuit alors l’aventure du cubisme pendant la guerre, reprenant à son compte les questionnements initiés par Georges Braque et Pablo Picasso. Dans les années 1920, il opère un retour à la tradition. Abandonnant peu à peu la stricte géométrie et la technique de l’assemblage qui caractérisent ses œuvres cubistes, il crée des figures féminines inspirées de l’Antiquité qu’il taille dans des matériaux divers. Il réalise également des œuvres décoratives destinées à orner les bâtiments d’architectes majeurs de cette époque. Au cours des années 1930, son travail connaît une nouvelle évolution. Marqué par la nature qu’il côtoie depuis son installation à Marly et la découverte de la mer en 1937, ses sculptures se font de plus en plus libres, mouvantes et ouvertes.

L'œuvre dans son contexte