Ossip Zadkine, La Prisonnière, 1943
Ossip Zadkine La Prisonnière, 1943
Bronze 210 x 70 x 80 cm

Don de l'artiste, 1956   © ADAGP, Paris 2014 / © Lyon MBA / Photo Alain Basset


 
Ossip Zadkine

La Prisonnière, 1943

À vous de voir

 
1Devant cette sculpture, quelles sont vos impressions ?
2Des corps semblent enfermés dans un espace.
Observez ce qui le délimite et décrivez cet espace.
3Comment les personnages sont-ils liés les uns aux autres ?
Quelles expressions peut-on percevoir sur leurs visages ?
4Combien de corps sont représentés ?
Comment interpréter le choix du titre de l’œuvre ?
5Quel est le matériau utilisé par Ossip Zadkine ?
Comment la surface de ce matériau a-t-elle été travaillée ?
Quels liens peut-on faire entre ce travail et la thématique de l’œuvre ?

L’œuvre

Se confondant les uns avec les autres, trois corps sont enfermés dans un espace extrêmement restreint, délimité par des grilles qu’ils semblent vouloir repousser, comme le montrent leurs visages, bras et jambes transpercés par les barreaux.

Cette sculpture en bronze peut évoquer une allégorie de la France aux heures les plus sombres de l’Occupation. De couleur foncée, le métal présente des aspérités soulignant le caractère rude de ces années de guerre.

L’œuvre a été réalisée durant l’exil de l’artiste à New York, où il s’est réfugié dès juin 1941. Durant cette période, l’artiste « pense et repense à la France, à ceux restés là-bas comme dans des cachots ». Représentant le pays qu’il a dû quitter pour fuir la menace nazie, La Prisonnière est, selon ses mots, « une tentative de parler franc et simple à tout le monde, de ce qu’est la France en ce moment ».

D’inspiration tragique, La Prisonnière, est une œuvre qui s’inscrit dans une série de compositions qui trouvera un aboutissement dans Le Monument pour une ville détruite (1946-1951) qu’Ossip Zadkine réalisera suite à une commande de la ville de Rotterdam.

L’artiste

Ossip Zadkine (Vitebsk, 1890 – Paris, 1967), artiste français, d’origine russe.
Après un début de formation à Londres, Ossip Zadkine s’installe à Paris en 1909 où il s’inscrit à l’École nationale des Beaux-Arts. Il réalise par la suite ses premières œuvres sculptées, fortement influencées par le cubisme. Engagé volontaire dans l’armée française durant la Première Guerre mondiale, l’artiste est démobilisé en 1917. Il se déclare alors détruit physiquement et moralement.

Si au cours des années 1920, ses œuvres renouent avec l’esthétique cubiste, elles tendent aussi à multiplier les références au primitivisme. Dans les années 1930, le travail de l’artiste fait l’objet de nombreuses expositions, tant à Paris qu’à l’étranger.

En 1941, pour fuir les persécutions nazies, Ossip Zadkine est contraint à l’exil. Il quitte la France et se réfugie aux Etats-Unis jusqu’en 1945. La guerre lui inspire alors un certain nombre de sculptures qui témoignent, pour reprendre ses termes, de son attachement « au pays qui se mourait ».

L'œuvre dans son contexte

1940Campagne de France qui s’achève avec l’armistice demandé par le Maréchal Pétain.
1941 (7-8 décembre)Attaque aérienne japonaise sur Pearl Harbor et entrée en guerre des États-Unis.
1941 – 1942 (20 janvier) Conférence de Wannsee : adoption et mise en place de la « Solution finale de la question juive en Europe » par l’Allemagne nazie.
1943
Ossip ZadkineLa Prisonnière, 1943