Le Yacht anglais, 1906

L’œuvre

En reprenant un thème déjà cher aux impressionnistes, celui du pavoisement, c’est-à-dire le fait d’orner de drapeaux un monument, une ville ou un bateau, Raoul Dufy utilise pour sa peinture des couleurs pures, directement issues de leur tube, qu’il applique en aplats, sans dessin préalable. Si les fanions permettent à l’artiste d’introduire des couleurs vives, c’est la couche préparatoire beige de la toile, laissée volontairement visible, que Raoul Dufy utilise pour définir un ciel bleu clair.

En refusant ici de couvrir entièrement la surface du support, et en présentant une coque de bateau et des toitures de maisons à l’aspect inachevé, Raoul Dufy remet en question les notions traditionnelles de fini et de non fini. De même, l’usage de la perspective est mis à mal par la représentation d’un navire qui barre horizontalement la toile et induit une construction de l’espace par plans successifs, réduisant l’impression de profondeur.

Le Yacht anglais, qui fait partie des nombreuses vues du port du Havre peintes par Raoul Dufy durant l’été 1906, témoigne de l’adhésion de l’artiste au fauvisme.

L’artiste

Raoul Dufy (Le Havre, 1877 – Forcalquier, 1953), artiste français.
Après avoir suivi des cours de dessin et de peinture au Havre, Raoul Dufy obtient en 1900 une bourse pour aller étudier à Paris, à l’École nationale des Beaux-Arts. Dès 1905, il est fortement marqué par la peinture d’Henri Matisse, puis par le fauvisme. Il décide alors d’abandonner la pratique d’une peinture impressionniste au profit d’une peinture construite par la couleur. C’est au Salon d’Automne de 1906 qu’il présente ses premières toiles fauves.

En 1907, l’artiste est marqué comme nombre de ses contemporains par la grande rétrospective consacrée à  l’œuvre de Paul Cézanne. Il abandonne alors le fauvisme, sans pour autant céder au cubisme. À partir du début des années 1920, la peinture de Raoul Dufy s’épanouit dans un style qui caractérise par la suite toute son oeuvre, marqué par le dessin soutenu et des couleurs posées en aplat. Ces différentes recherches se concrétisent en 1937 avec la Fée Électricité, décoration monumentale réalisée pour un pavillon de l’Exposition Internationale. En 1952, Raoul Dufy reçoit le Grand Prix international de peinture de la Biennale de Venise. Au-delà de son œuvre de peintre, il est également reconnu pour ses bois gravés et son travail dans le domaine des arts décoratifs, notamment pour les nombreux motifs destinés à la réalisation de soieries, dont celles créées par l’entreprise lyonnaise Bianchini-Ferrier.

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